En 2002, l’Agence Nationale pour la Santé (ANAES) citée par Camus et al (2008) définit, la notion de « crise suicidaire » comme « Une crise psychique dont le risque majeur est le suicide ».

« Elle constitue la situation la plus démonstrative de l’expression aiguë d’une intentionnalité suicidaire qui peut déboucher sur une conduite autodestructive directe » Camus et al (2008 p. 65).

Le suicide est la conséquence la plus dramatique de la crise suicidaire. Sa prévention a été identifiée comme l’une des dix priorités nationales de santé publique en 1996. La crise suicidaire se définit comme : « Une crise psychique dont le risque majeur est le suicide qui survient suite à l’installation d’un état psychologique plaçant la personne dans un état de vulnérabilité à l’égard de son état d’équilibre relationnel habituel. Cet état est réversible et temporaire. Cette crise peut être représentée comme la trajectoire qui va du sentiment péjoratif d’être en situation d’échec à une impossibilité ressentie d’échapper à cette impasse. Elle s’accompagne d’idées suicidaires de plus en plus envahissantes jusqu’à l’éventuel passage à l’acte » Darcourt et Mazet, (2001 p. 432).

Depuis 1996, l’objectif du gouvernement Français est de réduire de manière significative le nombre d’individus qui décèdent par suicide. En septembre 2013, Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes, a créé l’observatoire national du suicide dont nous avons extrait ces chiffres. Selon ce premier rapport de décembre 2014 : « En 2011, 11 400 décès par suicide environ ont été enregistrés en France métropolitaine, soit environ 18 personnes sur 100 000, ce qui fait de la France l’un des pays européens avec le plus fort taux de mortalité par suicide » Observatoire National du Suicide [ONS], (2014 p. 15). Mais qu’en est-il de l’étiologie du suicide ?

L'étiologie du suicide

L’étiologie des causes du suicide est plurifactorielle : biologique, sociale, culturelle, transgénérationnelle, psychologique, et psychopathologique. Ces causes ont donc posé un problème majeur aux scientifiques dans la recherche d’une mise au point d’un modèle causal explicatif et prédictif qui ferait consensus. A partir de ce constat, il a donc été élaboré un modèle à partir de l’étiologie de la crise suicidaire (facteur précipitant) et d’une typologie particulière correspondant à des désorganisations psychologiques Ionescu et al., (2008).

Ces auteurs proposent un modèle typologique triadique (psychosocial, psychopathologique, psychotraumatique) de la crise suicidaire Brunet et Leblanc 2006 cités par Ionescu et al., (2008). Dans la présentation de ce modèle, nous ne développons que l’approche de la crise psychosociale qui est la plus preignante dans les sociétés industrialisées.

La crise psychosociale

La crise psychosociale peut être conceptualisée comme une conjugaison d’une vulnérabilité et d’une détresse socio-affective, influencée par des événements déstabilisants. « Elle se traduit par la présence d’une détresse provoquée par une situation problématique, prévisible ou imprévisible, mais dont la nature demeure dans les frontières de la normalité. Les pertes, les ruptures, les deuils, la maladie, les événements provoqués par des transitions, par des facteurs socioculturels, ou par des questions existentielles, sont des exemples de situations aiguës pouvant provoquer un déséquilibre et déclencher des situations de crise » Ionescu et al., (2008 p 137).

Dans ces situations sociales de crise, la personne tente d’abord de résoudre ses difficultés en essayant de trouver des solutions et de recouvrer rapidement un état d’équilibre. C’est lorsque ses efforts répétés se soldent par des échecs consécutifs qu’émerge la tension psychique devenant de plus en plus importante et pouvant conduire à l’état de crise psychosociale Andreolie, et al., (1986). Au niveau intrapsychique, l’individu se trouve submergé par des émotions, par des difficultés d’élaboration, de concentration, et de résolution de problème. La personne se perçoit alors de façon de plus en plus négative et a de plus en plus de difficulté à convoquer ses propres ressources, ce qui engendre une baisse d’estime de soi. Andreolie, et al., (1986). La crise s’engage dans une spirale d’inconfort dans laquelle l’individu éprouve un état de détresse, se sent plus ou moins démuni. Cet état se manifeste par des signes cliniques, des émotions ou des pensées (rumination). La crise psychosociale est présente et entraîne une souffrance chez le patient. Elle réveille les stigmates des enjeux inachevés du développement précoce (psychogénèse). En somme, elle réveille les facteurs de vulnérabilité : les carences et distorsions affectives (honte exagérée, angoisse d’abandon, peur du conflit … ). Mais aussi en écho, elle réveille toutes les blessures, les événements eux-mêmes (divorce, séparation … ) déclencheurs de la crise. « Si la répétition l’emporte, la symptomatologie perdure, le sujet pourra éprouver un sentiment d’impasse qui l’amène à consulter » Despland et al., (2010 p. 63).

Selon Messick et Aguilera (1976), cette période de crise et de trouble intense peut durer entre 6 à 8 semaines. Selon Séguin (2000), elle se caractérise par trois grandes étapes :

1)   Une première période de désorganisation qui culmine jusqu’à ;

2)   Une deuxième période dite de phase aiguë pour conclure par ;

3)   Une troisième période de récupération.

La phase aiguë peut se distinguer par un éventail de réactions qui varient en intensité, mais n’allant pas forcément jusqu’au passage à l’acte suicidaire.

C'est dans le cadre de la prise en charge de la crise psychique que l'application PsyTools prend toute sa dimension, notamment avec l'outil PsyLife qui permet très facilement de caractériser le stress aigu, la nature la crise, son intensité et de temporaliser ces informations sur une frise chronologique.

Écran : Outil PsyLife

Bibliographie :

ANSE. (2002). La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge.

Andreolie, A., Lalive, J., et Garrone, G. (1986). Crise et intervention de crise en psychiatrie : Paris : SIMEP.

Camus, V. (2008). De quelques questions éthiques posées par l’intentionnalité et les conduites suicidaires, Revue d’éthique et de théologie morale (n° 248), p. 59-78.

Darcourt, G., et Mazet, P. (2001). La Crise suicidaire : Reconnaître et prendre en charge. Paris  : Montrouge (Hauts-de Seine) : John Libbey Eurotext.

Despland, J.-N., Michel, L., et Roten, Y. (2010). Intervention psychodynamique brève. Issy-les-Moulineaux France : Elsevier Masson.

Ionescu, S., Blanchet, A., et Collectif. (2008). Psychologie clinique, psychopathologie, psychothérapie. Paris : Presses Universitaires de France - PUF.

Observation national du suicide. (2014). Suicide état des lieux des connaissance et perspectives de recherche(No. 1er). Consulté à l’adresse http://www.drees.sante.gouv.fr/l-observatoire-national-du-suicide-ons,11209.html

Séguin, M. (2000). Comment désamorcer une crise suicidaire avant la phase aiguë ou le passage à l’acte ? Consulté à l’adresse http://prevention.suicide.free.fr/?p=916