L’émotion primaire adaptée :

Dans l'approche et la terminologie de Greenberg (2002),  le caractère primaire de l’émotion adaptée est défini par le fait qu’il s’agit de la première réponse de l’individu à l’évaluation réaliste et directe de la situation et non de l’anticipation d’une situation future ou de l’évocation d’un souvenir.

Elle est considérée par Greenberg (2002) comme hautement fonctionnelle et adaptative, car elle fournit à la personne des informations importantes sur ses besoins et buts qui lui permettent d’élaborer un plan d’action avec des comportements adaptés à la situation.

Pour Damasio (1994), ces émotions primaires adaptées constituent une ressource primordiale d’informations pour déterminer nos choix.

Elles sont donc à encourager et à explorer de manière réflexive aussi loin que possible afin de permettre le développement d’une intelligence émotionnelle, Greenberg (2002).

Il est important de noter que dans cette définition, il n’est pas fait de différence entre une émotion « basique » comme la colère, la peur, la tristesse et la joie et les émotions ou les sentiments[1] dits « complexes » comme la jalousie, l’envie…

L’émotion primaire inadaptée :

La réponse émotionnelle primaire inadaptée se caractérise dans son dysfonctionnement par une évaluation non réaliste de la situation au regard de la "norme" culturelle. Elle se caractérise par une expérience familière et répétitive que la personne connaît, redoute et n’arrive pas à empêcher. Elle engendre des réponses émotionnelles qui ne correspondent pas aux enjeux réels de la situation. La phobie (peur) en est le meilleur exemple.

Par ailleurs, ces réponses inadaptées concernent aussi les autres émotions et/ou sentiments comme la colère, la tristesse, la culpabilité, la honte, l’humiliation, le  rejet…

Ces émotions et sentiments inadaptés sont sources de souffrance au moment où la personne les vit, mais également à long terme par les conséquences négatives qu’ils engendrent, notamment, par la mise en péril des relations avec l’entourage ou les opportunités (professionnelle, sociale …) qu'ils entravent.

Il qui est important de comprendre que ces émotions et sentiments primaires inadaptés proviennent d’un apprentissage et donc d’un conditionnement, Philippot (2011). Dans certains cas, il est possible de retracer très facilement l’histoire de ce conditionnement en réalisant une anamnèse synthétique  notamment avec l’utilisation de la ligne de vie sur papier ou plus facilement encore avec l'application PsyTools (ligne de vie enrichie) qui structure et organise le parcours de vie de façon visuelle, temporelle et dynamique.

Application PsyTools : Outil PsyLife

Toutefois, dans d’autres situations, les souvenirs de l’apprentissage ont été oubliés ou engrammés de façon non consciente Kheriaty, Kleinknecht, et Hyman Jr (1999). Dans ces situations, il revient au professionnel d’accompagner la personne à retrouver les événements originels impactants afin de les traiter.

Il est à noter que certaines de ces émotions et sentiments inadaptés peuvent résulter aussi d’apprentissages traumatiques par exemple la peur des bruits d’explosion de pétards qui, dans la situation, sont sans danger réel. Dans cet exemple, l’émotion de peur est liée à une expérience antérieure de terreur et de danger de mort vécue lors d’une prise d’otage et dans laquelle des tirs d’arme à feu ont été échangés.

Ce type de réponse émotionnelle inadaptée de terreur s’enclenche de façon automatique. Ce sont des réflexes émotionnels qui se mettent en jeu malgré une connaissance de la non-réalité du danger. Aussi, pour Greenberg, l’introspection et la recherche de sens n’apportent pas ou peu de changement thérapeutique. En conséquence, Foa et McNally, (1996) préconisent une thérapie comportementale, basée sur l’exposition confirmée par Greenberg (2001).

"Celui qui n’apprend pas de son passé est condamné à le recommencer."  Johann Wolfgang von Goethe

Pour une information complémentaire sur les émotions, notamment en thérapie, nous vous invitons à lire l'article " Comment identifier les émotions secondaires en thérapie".

Pour une information plus complète basée sur les travaux du  professeur Leslie Samuel Greenberg et leur utilisation en psychothérapie avec l'application PsyTools, nous vous invitons à consulter  notre site internet ici.


[1] Selon les approches théoriques des émotions, il n’est fait aucune distinction entre émotion et sentiment.


BIBLIOGRAPHIE

Damasio, A. R.  (1994). Descartes' error : emotion, reason and the human brain. New York : Grosset/Putanam Books.

Foa, E. B.  et McNally, R. J. (1996). Mechanisms of change in exposure therapy. In R.M Rapee (Ed). Current Controversies in the anxiety disorders. New York : Guiford.

Greenberg, L. S.  (2002). Emotion-focised thérapy. Coaching clients to work through their feelings. Washington, D. C. / Amercican Psychologicial AssociationPress.

Kheriaty, E. , Kleinknecht, R. A., et Hyman Jr., I. E. (1999). Recall and validation of phobia origins ads a function of a structured interview versus the Phobia Origins Questionnaire. Behavior Modification, 23, 61 - 78.

Philippot, P. (2011). Émotion et psychothrapie (2 Ed) : Éditions Mardaga Collines de Wavre : Belgique.