Les émotions secondaires :

Dans l'approche et la terminologie de Greenberg (2002), les émotions et sentiments secondaires inadaptés sont des réponses émotionnelles qui surgissent en réaction à une émotion ou un sentiment primaire ou à des pensées émotionnelles générés par exemple par l’anticipation d’une situation future ou l’évocation d’un souvenir. Elles n’ont aucun lien avec une évaluation adaptative, réaliste et directe d’une situation présente.

Elles peuvent donc être problématiques dans la mesure où elles masquent le ressenti réel de l’émotion primaire et privent la personne d’informations importantes qui sont un guide vers l’identification des besoins réels et de la possibilité de les satisfaire.

Dans ces contextes, l’enjeu réel de la situation n’a pu être identifié et donc non solutionné. Le risque est alors que se maintienne une émotion ou un sentiment secondaire qui, avec le temps et la répétition engendrée par des besoins non identifiés et non satisfaits, se chronicise. La personne se condamne à revivre ces répétitions de souffrance.

Greenberg (2002) distingue trois formes d’émotions secondaires sources de souffrance :

1) Les défensives : elles agissent comme une protection pour contenir l’émotion primaire menaçante ou inacceptable. Ex. : Dans une situation professionnelle, face à un supérieur la personne se plaint d’anxiété (émotion secondaire) qui en réalité masque la peur (émotion primaire).

2) Les méta-émotionnelles : elles concernent le fait d’éprouver une émotion ou un sentiment (secondaire) à partir d’une autre émotion ou sentiment (primaire) lui-même généré par une évaluation de la situation. Ex. : l'état anxieux[1] (secondaire) avant de prendre la parole en public est généré par la peur (primaire) idéationnelle[2].

3) Les méta-cognitions : elles sont dues à des contenus de pensées suscitées par la personne elle-même au moyen de dialogues intérieurs et d’images mentales. Quand ces pensées, souvent très éloignées de la réalité sont activées, elles génèrent des émotions dysfonctionnelles. Ex. : Une personne qui entretient des pensées sur elle-même en se percevant différente des autres, qu’elle a quelque chose de fondamentalement anormal et qu’elle ne pourra jamais se faire accepter dans son environnement. Ces pensées vont générer de l’anxiété, de la peur, etc... Ce sont ces types de méta-cognitions qui constituent la cible des thérapies cognitives Becket al., (1979).

En conséquence, selon Greenberg (2002), l’attitude du professionnel consiste en premier lieu à identifier l’émotion primaire adaptée (sensation corporelle, ou la pensée) qui va, par la suite, constituer la source de l’émotion secondaire inadaptée.

Il est à noter que dans la pratique, le travail est souvent plus complexe et que la différenciation entre émotion primaire adaptée et secondaire inadaptée relève de la dextérité du professionnel.

Néanmoins, selon Philippot (2011), la présence conjointe des indicateurs ci-dessous est un bon révélateur de l'existence d’une émotion secondaire inadaptée :

1) La présence d'une souffrance émotionnelle pour la personne.

2) La répétitivité d’une émotion ou d’un sentiment, pour laquelle l’enjeu ne semble jamais se dénouer.

3) Une discordance entre l’évaluation « objective » de la situation et l’émotion rapportée par la personne.

4) L’expression verbale d’une émotion et en même temps, des signes comportementaux (ex. : voix tremblante, larmes, poing serré …) correspondant à une autre émotion.

La mise en exergue de ces phénomènes émotionnels est complexe, aussi l’application PsyTools offre un médium interrelationnel visuel qui facilite ce travail d’élaboration, notamment par la recherche active de la sensation corporelle, des tendances à l’action et de l’identification des émotions basiques neurobiologiques innées : colère, peur, tristesse, joie.


[1] Bien souvent l’anxiété est une méta-émotion qui est d’avoir peur d’avoir peur, Bralow, (2002). Elle peut aussi résulter de la peur de ses propres réactions de colère, ….

[2] Relatif à la formation et à l’enchaînement des idées.


BIBLIOGRAPHIE

Bralow, D. H. (2002). Anxiety and its disorders : The nature and treatment of anxiety and panic (2sd Ed.) New York : Guilfore.

Greenberg, L. S.  (2002). Emotion-focised thérapy. Coaching clients to work through their feelings. Washington, D. C. / Amercican Psychologicial AssociationPress.

Philippot, P. (2011). Émotion et psychothrapie (2 Ed) : Éditions Mardaga Collines de Wavre : Belgique.