Émotions et manipulation dans la relation Psy :
Dans l'approche et la terminologie de Greenberg (2002), les émotions instrumentales ne sont pas réellement ressenties par la personne, elles sont déclenchées volontairement pour provoquer un effet sur l'entourage.
Bien qu’elles soient feintes et non véridiques, elles ont un effet très motivationnel sur l’entourage, ce qui fait que l’utilisation de ces émotions instrumentales soit manipulatrice. Elles peuvent donc à ce titre être problématiques, non seulement sur le plan moral, mais aussi sur le plan des relations sociales. En effet, cette sensation de manipulation peut être ressentie par autrui à travers les différentes sensations de gêne et de malaise qu’elles provoquent pouvant aller jusqu’à la détérioration de la relation. Elle peut être également délétère pour l’auteur lui-même. En effet, c’est une manière détournée d’exprimer ses réels besoins et d’essayer par la manipulation d’arriver à ses buts. Cette attitude est bien souvent une source d’incompréhension pour autrui et de ce fait une manière moins efficace de satisfaire ses besoins qu’une approche directe et clairement formulée.
Il est important de noter que ce mode d’expression émotionnelle n’est pas nécessairement conscient et c’est ici qu’il pose le plus de problèmes parce qu’il masque les enjeux émotionnels réels, tant pour l’auteur que pour l'interlocuteur.
« Ex : Une personne qui peut inconsciemment feindre d'être séduite par son interlocuteur afin de ne pas se faire rejeter par celui-ci. Il est très facile d’imaginer les conséquences négatives de ce genre de comportement séducteur inconscient », Philippot (2011).
L'application professionnelle PsyTools permet d'explorer les émotions afin de les mettre en exergue et de trouver le besoin réel non conscient, notamment, par l'investigation approfondie des sensations corporelles.
Toutefois, toute émotion feinte n’est pas nécessairement inadaptée, notamment dans les situations où les règles et conventions sociales nous imposent d’exprimer des émotions socialement désirables, en d’autres termes, la bienséance. Ex : Feindre consciemment la joie en recevant un cadeau décevant pour ne pas affecter le donateur. Cette compétence sociale émotionnelle instrumentale demande beaucoup de dextérité pour être utilisée de manière appropriée.
" Comme l’exprime Greenberg (2002)« L’art du jeu de rôle social réside dans l’expression instrumentale de la bonne émotion, au bon moment ".
En résumé, l’émotion instrumentale exprimée de façon non consciente est indéniablement dysfonctionnelle alors que l’émotion instrumentale consciente pose problème en fonction de l’intention qui la sous-tend.
Enfin, pour conclure, selon Greenberg (2002) dans le cadre d’une prise en charge psychothérapeutique cela implique de la part du patient une expression authentique et directe des émotions afin de permettre leurs explorations.
" Il s’agit d’une condition nécessaire pour que le travail émotionnel puisse s’effectuer " Philippot (2011).
Pour faciliter cette exploration, l'application PsyTools propose un écran spécifique qui permet d'identifier l'émotion en jeu et d'évaluer son intensité à travers une échelle de dix sentiments.
En conséquence dans le cadre thérapeutique, les expressions émotionnelles instrumentales sont à proscrire, que ce soit de la part du professionnel ou du patient.
Face aux expressions émotionnelles instrumentales conscientes ou non conscientes de la part du patient, Philippot (2011) recommande la posture qui consiste dans un premier temps de faire prendre conscience au patient du caractère inauthentique et instrumental de l’expression émotionnelle. Dans un deuxième temps, il préconise de découvrir les besoins réels qui sous-tendent cette attitude et d’examiner les raisons pour lesquelles ils ne peuvent être exprimés directement. Enfin dans le troisième temps, il prescrit d’encourager le patient à trouver une manière plus authentique et directe d’exprimer ses besoins.
Pour faciliter l'exploration des besoins préconisée par Philippot (2011), l'application PsyTools propose un écran inspiré des concepts de l'approche de la Communication Non Violente (CNV) du psychologue Marschal Rosenberg. Cet écran permet de proposer plus de 100 besoins classés par catégorie. Il permet d'identifier de façon précise la catégorie du besoin ainsi que sa nature.
Enfin, si malgré ce recadrage le patient reste dans son attitude de manipulation, le professionnel doit, d’une part ne pas réagir, c’est-à-dire ne pas renforcer le comportement du patient, et d’autre part, il doit viser l’extinction de ce comportement dysfonctionnel qui mettrait en péril la relation et le travail psychothérapeutique.